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 Noxviridis

Pour attraper un voleur...

9 Avril 2019 , Rédigé par noxviridis

Vu avant-hier sur ARTE "La main au collet". Un film au premier regard assez insignifiant du maître du suspense, qui ne vaudrait que par son casting : Hitchcock bien sûr, Grace Kelly, et un Cary Grant vieillissant, plus Charles Vanel pour faire couleur locale. Au second regard...
On est à l'opposé du spectre hitchockien de "Psychose".
Ce n'est pas un thriller, mais une comédie de moeurs, avec une petite énigme de vaudeville.


Quelles moeurs? Celles de la jet-set d'avant les jets, de la "meilleure société" cis- et transatlantique. A la fin du  XIXe siècle, les pionniers industriels américains sont déjà plus riches que des rois. Ils ont aussi des héritiers, qui sont parfois des héritières. Qu'y-a-t-il d'assez beau, d'assez chic pour ces filles, lorsqu'il s'agit de prendre époux? Ayant plus d'allure qu'un quelconque cow-boy, les rejetons de la vieille noblesse européenne peuvent aussi plaire à Papa. Par convergence d'intérêts, ces derniers sont des coeurs à prendre : ils sont pourvus, certes, en titres éculés, mais aussi en châteaux décatis et propriétés "so lovely"  mais à retaper d'urgence. Pour sauver cette grandeur fanée, c'est à une sorte de prostitution à double sens que l'on assiste. (Un exemple éminent de cet art de vivre est celui d'Anna Gould, qui fit construire le Palais rose, avenue Foch https://fr.wikipedia.org/wiki/Anna_Gould).
Au début des années 1960, on en est encore là : tous les étés, les belles américaines arpentent la Riviera et les autres lieux glamour de la Méditerrannée, elle font littéralement leur "passegiatta", dûment chaperonnées d'une mère ou d'un frère.


C'est ici qu'intervient la magie de ce film, où s'entremêle réalité et fiction jusqu'au tourbillon, jusqu'à la fin.
C'est pécisément ce mode de vie que le personnage de Cary Grant reproche à Miss Stevens, celui de Grace Kelly. Et c'est aussi ce que fait la même Grace Kelly dans sa vraie vie à elle. Déjà riche, en plus star et d'une beauté saisissante, elle obtint, ce qu'il y avait de mieux sur le marché : un souverain en exercice, et pas si pauvre, le prince Rainier III de Monaco (en apportant 2 millions de $ en dot, acessoirement...).


Fin de la démonstration? Non tout de même... C'est avec beaucoup d'aisance que Miss Stevens pousse à fond son cabriolet, dans la descente vers le Rocher, afin d'échapper aux flics, et d'épater Papy Cary.
Cette Route de la Turbie, elle la parcourera encore d'innombrables fois, en tant que princesse. Mais elle prendra rarement elle-même le volant. Sauf la fois où elle rata un tournant...
 

PS : il faut attendre la dernière réplique pour comprendre pleinement le titre en anglais du film : "Pour attraper un voleur". Malicieux Hitchcock.

 


 

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